Une-Rose-sur-la-Lune

Pensées & réflexions en bataille.

Samedi 28 août 2010 à 18:50

 
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Lorsque je ferme les yeux, je revois la surface soyeuse de la Seine qui s'agite sous le ponton. Nous deux, assises dans la nuit, au bord de l'eau qui passe. Les lumières de la ville se reflètent sur l'eau, et il suffit de clore les paupières une nouvelle fois pour imaginer "les flambeaux des parisiens en colère" .
Toute cette Histoire qui se cache sous les ponts, au coin des rues, entre chaque pierre. Toutes ces vies qui ont piétiné les quais, tous ces hommes qui ont marqué de leur sceau la longue existence de cette ville ! A y penser j'ai le tournis.
Paris est une femme mystérieuse qui ne s'ouvre à nous que si elle le veut bien. Mais hier soir elle s'est découverte sous nos yeux ébahis, une fois de plus. 
 
Et lorsque je repasserai sur ce ponton je verrai les deux filles qui philosophent sur la vie à deux heures du matin, assises en tailleur sous l'immensité du ciel et le regard bienveillant de Paris. 
* * * 

L'amour s'en va comme cette eau courante,
            L'amour s'en va.
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente ! 
 
     Vienne la nuit sonne l'heure,
     Les jours s'en vont je demeure.
 
G. Apollinaire, Le Pont Mirabeau

* * * 

Vendredi 27 août 2010 à 14:13

Gare de l'Est. http://une-rose-sur-la-lune.cowblog.fr/images/Coeursdenfants.jpg Il y a les gens aux visages tristes et fermés comme une maison abandonnée, ceux qui regardent par terre pour ne pas risquer de rencontrer l'autre en cherchant dans ses yeux, ceux qui répondent à un sourire par une mine effarée. 
Le métro ouvre ses portes et refuse de repartir. J'attends et j'observe. J'entends des râlements et des soupirs agacés. Et puis là-bas, près de la sortie, je vois ces deux familles qui ne se connaissent pas. Avec deux petits garçons. Ils ont sûrement fait connaissance dans le métro, et maintenant que les parents les tirent vers la sortie en souriant, en voilà un qui s'exclame : 

 
" Si tu veux on peut être copains ! " 

On dirait un petit soleil, avec son ciré jaune et son grand sourire. 
L'autre lui tend la main. Marché conclu. 

 
 

Jeudi 26 août 2010 à 16:06

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Qu'est-ce qu'elle est belle quand elle sourit. Elle ne le sait pas, non, elle ne le sait pas. Perdue dans les méandres de ses seize ans, elle me parle de son corps mal proportionné, de ses cheveux filasses sans vraie couleur. Mais si elle savait comme elle est belle ! Moi je vois des cheveux d'or qui changent avec la lumière comme le fleuve change de teinte, un corps féminin au promesses infinies ! Si elle savait, ma soeur. 

 
* * * 

Tous ces soirs passés à parler de nos amours et de nos vies, comme deux vieilles dames devant une cheminée. Ces éclats de rires qui résonnent en moi comme un écho. Ces instants où nous seules nous comprenons d'un regard. 

 
* * * 

Liées à jamais par un pacte, celui du sang. Celui du passé qui nous rassemble et de l'avenir qui nous dispersera, sans jamais vraiment nous séparer. Le miracle de la fraternité. Qui d'autre que Dieu peut placer une seule âme en deux ou plusieurs corps ? 
Le fait que quoi qu'il arrive, elle sera toujours là. Oui, les kilomètres et les disputes peuvent nous éloigner. Du moins en surface, car dans la profondeur de nos corps ce sont deux coeurs qui battent à l'unisson. Jusqu'à la mort. 

 
* * * 

Tu sais quand on se dispute je voudrais te dire toutes ces choses qui te blesseraient mais je n'arrive pas. Parce que même quand je te hais, je t'aime. Ca doit être ça, la fraternité. 
 
 

Mercredi 25 août 2010 à 21:20

     J'ai toujours aimé me promener dans les parcs les journées d'été. Quel merveilleux endroit, où les vies se croisent, où l'on aperçoit la silhouette presque effacée d'un vieillard nostalgique, où les éclats de rire des groupes d'adolescents et les cris des enfants jaillissent comme une source du flanc de sa montagne. Quel merveilleux endroit pour sentir la vie passer... 
     Il y a les amoureux qui rêvent d'une vie aussi paisible que leur promenade, aussi verte que la nature qui les entoure. Il y a les parents qui regardent leurs enfants s'ébahir devant un papillon. Il y a les vieilles dames en costume du dimanche, témoins d'un monde vieillot et passé, presque exotique pour nous. Il y a les tableaux paisibles de demoiselles au livre, et ces promeneurs solitaires qui se repaissent de belles images. Il y a tant de monde, une mosaïque d'inconnus, des passés différents, des avenirs à peine envisagés. Il y a l'instant présent que ce parc renferme, à l'abri du monde extérieur et de ses malheurs. Comme un havre de paix, un passage pour les voyageurs de la vie. 


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Mercredi 25 août 2010 à 1:02


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    Je suis seule sur le quai de la gare. Seule au milieu de tous ces inconnus qui se sentent sûrement aussi seuls que moi. Une brise souffle, je la sens caresser mes reins et le creux de mon cou. Le soleil brille et annihile toute volonté. Perdue dans mes pensées, je ne vois pas les autres. Je sais qu'ils sont là, ancrés sur le béton de ce quai, mais je ne les vois pas. Je savoure l'instant présent et la solitude. 
Des pas légers. Un pas plus sûr de lui. Ils arrivent en retard dans mon cerveau, comme l'écho d'un monde que j'ai commencé à quitter. Lorsqu'on rêve, on meurt un peu, puisqu'on est partout et nulle part à la fois. On sort de son corps pour atteindre des altitudes inespérées.  C'est dangereux de trop rêver, on finit par oublier qu'on vit, et on meurt un peu plus. 
     Les pas se rapprochent, accompagnés de voix. 

     " Laisse-moi tranquille !"  
     C'est une voix d'enfant qui a parlé. Flûtée, légère et en colère. Comme un éclat de cristal qui déchire l'atmosphère morne d'un quai de gare. 

     " Pourquoi tu fais la tête, ma puce ? "
    Oh, la voix tant aimée du père. Je la reconnaîtrais entre toutes. Il y a les pères, des hommes différents avec une famille bien à eux. Et il y a le Père présent en chacun de ces hommes. Celui qui les relie tous. Cette voix qui me consolait lorsque j'étais petite. Si forte, si sûre d'elle, tellement sûre que je ne pouvais que lui faire confiance. Elle est juste derrière moi, cette voix. Malgré moi, ou peut-être un peu volontairement, j'écoute la suite.

     " Je ne veux plus te parler! " 

     " Bien, mais souviens-toi d'une chose. Quand tu es triste ou en colère, mets-toi au soleil et attend. Le soleil réchauffe les coeurs. " 
     La voilà la leçon du Père. En trois phrases il a enseigné la vie à sa fille. Et à moi, par la même occasion. 

     Les voix s'effacent. Je vois leur silhouette noire face au soleil qui m'éblouit. Lui, si grand, tient la petite dans sa main. Comme un trésor. 

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