Dans un petit mois, cela fera un an que tu as pris la seule route que nous ne pouvions pas emprunter pour te suivre.

          Douze mois pendant lesquels l'écho de ton pas a résonné tant dans les couloirs de cette bibliothèque que dans nos coeurs. La vie a suivi son cours, à la fois semblable et définitivement différente.

          B. est partie pour sa retraite, et nous l'avons remerciée comme elle le méritait pour tout le temps qu'elle nous a donnés. Ce jour-là, nul doute que tu étais entre nous et dans chacune de nos pensées.
           F. a finalement pris ta place. Je crois que tu l'aimerais bien (peut-être puis-je parler au présent ?). Sa présence contribue à rendre ton absence plus supportable, même si il nous est toujours difficile de passer devant ton bureau.

           J'ai gardé le petit carnet sur lequel tu avais pris des notes pour m'enseigner le catalogage. Tu seras certainement heureux d'apprendre que je me suis enfin inscrite à une formation. J'aurais aimé qu'elle me soit donnée par toi mais, comme tu le sais, la vie se fiche complètement de ce que nous souhaitons. Lorsque j'ai le spleen, j'aime l'ouvrir et regarder les boucles noires, énergiques et précises, que tu as laissé sur le papier blanc.

            Que nous as-tu laissé, d'ailleurs ? Des souvenirs, assurément. Quelques objets aussi, qui sont comme l'écho d'une autre vie.
           Mais il y a autre chose. Tu ne le savais peut-être pas, mais tu as aussi semé en nous les germes d'une belle amitié. Souris-tu, depuis ton infini, en voyant comme la douleur nous a rapprochées ?

Merci, M.


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