Cette nuit tu m'as rendu visite; voilà longtemps que nous ne nous étions vus. Biensûr je t'ai souvent senti derrière moi, dans mon dos comme un ange gardien particulièrement attentif. Biensûr je t'ai souvent parlé, mes mots raisonnant dans une pièce vide et pourtant pleine de toi. Biensûr je t'ai parfois retrouvé au gré de mes souvenirs, à travers les mots que j'avais posé sur des cahiers.
Mais cette nuit tout était différent. Nous étions tous deux dans une même dimension; je pouvais te voir et t'entendre me répondre. Nous nous sommes occupé du jardin ensemble, comme autrefois, et tu m'as montré comment faire. Tu as repris ton rôle de guide qui me manquait tant. Pour la première fois depuis cinq ans, je me suis sentie si proche de toi que j'ai été surprise au réveil. Pas triste, non. Car j'ai enfin compris que la mort n'était qu'un voile. Parfois, lorsque la nuit est profonde, nous avons la chance de pouvoir passer au-delà du temps et de l'espace, et nous retrouvons ceux qui nous ont quitté. Une pause dans la tristesse qui ne part jamais vraiment.