Quel miracle relie les êtres d'une même famille par cette corde qui jamais ne se brise ?

            Il m'est arrivé de vouloir lâcher du lest; laisser flotter dans le lointain ceux-là qui sont en moi et hors de moi, qui vivent leur propre vie sans avoir conscience des échos qu'elle sème dans la mienne.

           La colère nous séparait, aussitôt la fraternité nous réunissait. Parfois, le pardon n'était pas encore là que déjà mon cerveau étouffait loin d'eux.
J'ai essayé de les considérer comme de simples amis; j'ai tenté de ressembler à ces familles qui s'aiment de loin. Je voulais me protéger de la souffrance, de cet amour violent qui nous dévore autant qu'il nous réchauffe. Chaque fois ils sont revenus, et je les ai aimés encore plus fort.
Ce lien qui nous unit - j'ai fini par le comprendre - ne s'éteindra jamais. A trois, nous ne formons qu'un. Chacun va dans sa direction, à l'image des frères d'un conte de fée où les retrouvailles sont la fin de l'histoire - et le début d'une autre.

           Je crois que nous devons ce sens de la fraternité à nos parents. Je me souviens d'une fois où ma mère m'a exprimé sa crainte en quelques mots: "Je préfère vous voir soudés face à nous, vos parents, qu'éclatés entre vous." A l'époque, je n'avais pas saisi la portée de ces mots. Mais la vie, comme bien souvent, s'est chargée de m'en montrer l'impact : la maladie, la mort, les peines, la haine - tout cela nous a frappés. Le lien ne s'est jamais brisé. Et aujourd'hui, bien que mon existence n'en soit qu'à ses balbutiements, je marche avec un talisman invisible et puissant : la certitude qu'ils seront toujours là pour moi, et que jamais je ne les laisserai seuls.

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Alors, cher Papa, chère Maman, merci pour ce cadeau.