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           Il y a peu de temps, j'ai déménagé une nouvelle fois. Ayant dorénavant deux bus à prendre pour aller travailler, je rencontre souvent des problèmes de circulation qui mettent à mal ma patience déjà si fragile. J'ai  donc décidé de marcher tous les matins 50 minutes, plutôt que d'affronter la morne routine des transports publics. Et, chemin faisant, j'ai renoué avec mon vieil amour: la route.

           J'avais oublié à quel point il était agréable de marcher sur de "longues" distances. Nous sommes bien loin des randonnées que me permettait de faire le scoutisme, mais j'ai retrouvé les sensations oubliées du début de marche; le plaisir que l'on éprouve en adoptant, au bout d'une vingtaine de minutes, son "rythme de croisière". L'oeil toujours occupé par un détail incongru de la route: un oiseau qui prend son envol, un ciel de plomb qui laisse filtrer deux faisceaux de lumière; l'échange de regards avec un autre promeneur.
           J'aime aussi les quartiers que je traverse : peu fréquentés par les piétons, ils me donnent l'occasion de laisser libre cours à mon esprit, à ma voix, à mon coeur. J'ai l'impression que la liberté est à nouveau devant moi. J'ai ce sentiment merveilleux que la route est un passage qui peut toujours s'allonger. Ainsi, même en sachant que je rentre chez moi ou que je me rends au travail, l'idée traverse souvent mon esprit qu'il me suffirait de bifurquer au prochain croisement pour commencer un nouveau chemin, une nouvelle aventure. C'est elle, cette liberté qui chatouille mon âme, c'est elle qui me rappelle qu'au coeur de la routine il suffit d'une pensée, d'un geste, pour tout arrêter et changer de paysage.

Car le chemin mène à la route qui mène aux plus lointains horizons qui jamais ne s'arrêtent.
 
          Je savoure aussi la solitude qui m'accompagne. Mon corps n'est plus seulement l'enveloppe qui enveloppe mon être; il est un compagnon, le premier et le plus fidèle de toute ma vie. Je sens chacun de ses efforts, j'éprouve parfois la brûlure de l'ampoule sur mon talon, ou le contact du plat de mon pied avec un sol tantôt de sable, tantôt de béton. J'apprécie le coup de vent froid des matins d'octobre, celui qui glace le sang de mes joues et fait fumer mon souffle. Chaque minute est un moment de paix avec moi-même et avec ce monde qui me donne parfois l'impression de danser en me laissant sur les bords de la piste.

 
En ces instants de route qui s'étirent, j'ai enfin l'impression de ne faire plus qu'un avec moi-même.